Le fameux repas de noël. Cet événement attendu avec impatience, que cela soit pour son
foie gras, son plat de résistance ou bien sa bûche de Noël. Un moment de pur plaisir. Mais
ce n’est pas le cas de tout le monde. Pour certaines personnes, ayant des troubles du
comportement alimentaire ou juste une peur phobique à l’idée de grossir, le repas de noël se
transforme en véritable cauchemar. Je m’explique.
Prenons deux personnes et ce qu’il se passe dans leurs têtes devant leurs assiettes de noël.
L’une possède une relation normale à l’alimentation tandis que l’autre diabolise la nourriture.
Voici les pensées de la personne ayant un rapport sain à l’alimentation :
“J’ai hâte de passer au dessert!”, “S’il reste des parts, je pourrais me resservir”...
Dans ce cas, on constate que la nourriture est associée au plaisir.
Maintenant rentrons dans l’esprit d’une victime de troubles du comportement alimentaire,
“Combien de calories y a-t-il dans ce plat ?” “Je vais devenir énorme avec tout ce que j’ai
mangé!”, “Combien d’heures de sport devrais-je faire pour éliminer toutes ces calories ?”
Ainsi, le repas de noël n’est plus synonyme de souffrance mais de peur, peur de grossir, et
est le reflet de peurs sous-jacentes souvent liées à une faible estime de soi, à une
dérégulation émotionnelle ou à des traumatismes. La nourriture devient alors votre pire
ennemi, voire pire : une crainte. Vous devenez obsédé par les calories, les macro-nutriments,
les régimes en tout genre et qu’importe leurs conséquences néfastes sur votre santé
mentale et votre organisme. Vous passez à côté de beaux moments trop concentrés sur
votre assiette. Manger est similaire à une phobie, pour certains, se sont les araignées qui les
font trembler, pour d’autres s'est un morceau de beurre. Et ce n’est pas une exagération,
même si cela peut paraitre loufoque voir totalement idiot, c’est la realité des troubles du
comportements alimentaires. Maladie qui touche plus d’un million de personnes rien qu’en
France.
Or, pour information, le poids qui s’affichera sur votre balance au lendemain des fêtes, même
s’il a augmenté, cela ne signifie pas que vous avez grossi. Sachez que les kilos “de trop” ne
seront que des fluctuations normales et temporaires de votre poids et non une prise de
gras. Ils correspondent à de la rétention temporaire d’eau et de gaz dans votre estomac et
intestins suite à un repas difficile à digérer. Au bout de quelques jours tout reviendra à la
normale. Alors inutile de passer des heures à s'essouffler à la gym, ou de culpabiliser sur un
simple nombre. Le repas de Noël, et plus généralement les fêtes, sont censés être un
moment de plaisir à partager en famille et non un calvaire.
Alors, s’il vous plaît lors de Noël ( et pas uniquement lors de cette fête d’ailleurs) en soutien
à toutes ces personnes qui souffrent au moment de se nourrir ( les troubles du
comportements alimentaires ne sont plus à minimiser : les personnes en étant atteintes
risquent jusqu'à six plus de chance de mourir que le reste de la population) veiller donc à ne
pas connoter négativement la nourriture ni la quantité consommée par les autres. Vous
risquez juste de détruire la fête de quelqu’un. On profite du bon repas sans diaboliser la
nourriture, même pour plaisanter, cela peut réveiller des peurs, ou les troubles alimentaires
des autres. On oublie donc les traditionnels “ Il faudra aller courir demain pour éliminer tout
ce que l’on a mangé”, “ Tu te ressers encore ?!! “, ou même de parler d’un futur régime, ou
de notre poids. D'ailleurs ce genre de remarques ne devraient pas être banalisées
puisqu'elles encouragent la catégorisation négative des aliments ( s'avèrant en plus d'être
inutile, par ailleurs contre-productive) contribuant à la restriction cognitive, et à la création
d'une alimentation troublée. Surtout si ces propos sont énoncés devant des jeunes enfants,
pouvant être facilement influençables.
Si vous avez une connaissance souffrant de peurs alimentaires, veillez à être à l'écoute, et
essayer de la rassurer par rapport à ses fear food, ou même vis à vis de sa peur
obsessionnelle de grossir. Traiter le repas de noël comme un moment de convivialité et
“normal” d’un point de vue nutritionnel, peut permettre à la personne victime de TCA de
rationaliser et de s’alimenter de manière plus sereine.
Et si vous souffrez d’un trouble du comportement alimentaire, n'hésitez pas à en parler à un
proche afin que celui-ci prévienne les autres membres de la famille d'éviter les remarques
pouvant alimenter vos peurs. Si le repas vous terrifie, rappelez-vous qu’il est insignifiant , il
ne représente qu’un repas sur tous ceux que vous avez eu cette année. Votre équilibre
alimentaire ne va pas être ébranlé pour si peu. Et si cela n’est pas suffisamment rassurant,
vous n'êtes pas obligé de consommer ce plat, préparez vous un repas de fête que vous
considérez “sécurisé”.
En un mot, profitez de ce repas sans prise de tête, et de ces instants partagés avec vos
proches.
C’est ce qui est le plus important.
Roxane Rifflart Marechal
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