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Mae Molliex Donjon

La santé mentale des étudiants : la parole doit se libérer depuis la pandémie du covid-19.

Depuis la pandémie de COVID-19 et ses confinements successifs, un terme s’est ancré dans notre vocabulaire : la santé mentale. Celle-ci inquiète, décline, passe trop souvent au second plan ou encore fait l’objet d’un tabou ; les sujets l’entourant sont vastes. Mais qu’est-ce que la santé mentale ? Selon l’OMS, elle correspond à un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ». Néanmoins, enveloppée d’un mystère, la question demeure : comment juger l’état de quelque chose que l’on ne voit pas ? S’il est facile de détecter une fracture, la tâche est rendue moins évidente dès lors qu’elle touche le cerveau et ses multiples secrets.


Les troubles de la santé mentale sont multiples et complexes. Si le « stress », l’angoisse, la nervosité est le symptôme le plus répandu, il correspond à la réponse naturelle de l’organisme pour se protéger. En anglais, on parle du “fight or


flight mode”, le combat ou la fuite, et désigne un état de tension émotionnelle répondant à une menace extérieure ou intérieure. À distinguer du « stress » se trouve l’anxiété, combinant des signes physiques et mentaux, à l'instar de palpitations, tremblements, difficultés respiratoires ou encore pensées obsédantes et ruminantes. Des phobies simples ou sociales peuvent déclencher l’anxiété, mais cette dernière n’est pas toujours expliquée. C’est le cas du « trouble panique » ou du « trouble anxieux » généralisé, où la tension est constante. Enfin, la dépression, due à des facteurs sociaux, psychologiques ou biologiques, se caractérise comme un état de profonde tristesse et de manque d’intérêt. Accompagnée d’une absence d'appétit ou de sommeil, la dépression peut être plus ou moins pérenne ou récurrente. Invisible, c’est la principale cause de handicap dans le monde.


Une population en particulier s’empare de ses questions alors qu’elle en est principalement touchée. En effet, les étudiants, surtout depuis la pandémie, sont les plus impactés par les troubles de santé mentale. Selon l'Enquête nationale sur la santé des étudiants, en 2022, 68% d’entre eux se déclarent en situation de mal-être. Pourtant, 91% assure être en bonne santé physique, d’où l’importance de dissocier les deux et de prendre en compte ce qu’il se passe au niveau du cerveau.

Ayant souffert de l’isolement, de la peur d’un avenir incertain et de nouvelles responsabilités difficiles à tenir, les étudiants ont particulièrement souffert durant les confinements. L’observatoire de la vie étudiante, assure en 2021 que 43% des étudiants sont en détresse psychologique, c’était 29%, un chiffre déjà considérable, avant la pandémie.


Une autre problématique liée à la santé mentale chez les jeunes est celle du manque d’accès à des soins adaptés et un manque de psychologues sur le territoire. En France, un spécialiste universitaire se retrouve face à plus de 14 000 étudiants, impossible alors d’aider tout le monde. Toutefois, les étudiants, même s’ils ne se sentent pas bien, ont du mal à s’exprimer sur le sujet. En outre des déserts médicaux, le sujet demeure tabou et en parler est difficile.


Parmi ceux qui se déclarant être en situation de mal-être, ils ne sont qu’une petite moitié à se rendre chez des spécialistes. On a souvent tendance à penser que les psychologues sont pour les “fous” et les psychiatres encore pires, pourtant, dans une situation de détresse, parler, s’ouvrir et reçevoir des conseils de personnes formées et qualifiées, peut sauver des vies. Il faut lever les tabous autour de la santé mentale, et en prendre soin. Si certaines personnes se déplacent chez leur médecin traitant pour un rhume, pourquoi ne pas en faire de même dans les moments où rien ne semble aller ?


Face à cet enjeu grandissant, le gouvernement prend petit à petit conscience de la détresse psychologique des étudiants. La défenseure des droits, Claire Hédon, appelle la première ministre à prendre en compte la gravité de l’état de santé mentale des enfants et des jeunes, alors que 2022 a été désignée année européenne de la jeunesse. Déjà, le troisième sommet de la Santé mentale s’est tenu en France en octobre 2021, aboutissant à des projets comme les dispositif “MonPsy” et «Santé Psy Étudiant ». Ainsi, depuis le 5 avril 2022, le remboursement de huit séances par an chez un psychologue conventionné avec l’assurance maladie est mis en place. Jugé insuffisant par certains, ou une avancée par d’autres, cela témoigne de l’importance grandissante de la santé mentale, et ce, parce que l’on en parle.


Ce dialogue est aussi initié sur les réseaux sociaux, où de nombreux étudiants s'expriment sur leur état et cherchent ensemble des solutions pour aller mieux. Une démocratisation de ce sujet s’opère, même si l’utilisation de ces réseaux se doit d’être raisonnée. Menant à une constante comparaison et impactant l’activité cérébrale, ils peuvent être néfastes et renforcer la solitude. En outre de l’impact du confinement et de la période COVID-19, une nouvelle problématique fait surface, celle de l’écoanxiété. Les étudiants, future génération à prendre l'ascendant sur le monde, se trouvent tachés par une vision pessimiste de la société, face à un futur incertain.


Cette détresse dite “anticipatrice” touche aujourd’hui 45% des jeunes. Elle est alimentée par l’accumulation des catastrophes naturelles dans le monde, et même en France, comme les épisodes caniculaires et d’incendies de cet été 2022. Si elle n’est pas comptabilisée comme un trouble psychologique, l’écoanxiété est bien réelle et s'accompagne de divers symptômes, notamment dépressifs. Dès lors, la santé mentale est un sujet primordial pour l’ensemble de la population et en particulier les étudiants. Il faut oser en parler, à une personne de confiance ou un spécialiste, sans avoir peur du regard de l’autre et être sincère avec soi-même. Si la charge mentale des étudiants semble trop importante, c’est par le dialogue et la dé-stigmatisation que des avancées pourront être faites. Déjà, la prise de conscience à plusieurs niveaux témoigne d’un progrès et laisse entrevoir une lueur d’espoir. Il s’agit de prendre soin de notre santé mentale comme nous prenons soin de notre santé physique. Elle ne doit pas être oubliée.


Ressources :

- Numéro de prévention suicide : 3114

- L’écoute santé mentale de la Croix Rouge : 0 800 858 858

-Bénéficiez de 8 séances remboursées par an, voir les conditions sur https://santepsy.etudiant.gouv.fr/

- L’application Mon Sherpa

- Le site et numéro d’écoute Fil santé Jeune : https://www.filsantejeunes.com et 0 800 235 236

- Le numéro d’écoute LIVE : 0 800 05 05 69

- Téléconsultation de psychologie avec Mindler

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