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Noah Vidon

De ces architectes qui subliment ou non le paysage lyonnais.

La capitale des Gaules.


De ses mystères, ses brumes et ses fleuves courants vers d’invisibles horizons de lumière,

De son décor, ridés par vingt mille ans d’histoire,

De cette âme « lyonnaise » que la fin du siècle dernier s’est en vain exercée à définir,

La Cité des gones mérite toutes les attentions.


Au-delà des questions de fonctionnalité et de confort, de logistique et de construction, l’architecture est un art qui donne à une ville, son caractère, son identité, son « style ». Cette culture, à la fois matérielle et intellectuelle, se situerait donc à la frontière entre l’art et la technique. Ce même art qui construit, déconstruit, ordonne et fait d’une ville le nid des Hommes, nous offre un visuel intriguant et attrayant - pour lequel les journées nationales de l’architecture incitent au développement de la connaissance de la discipline en cause.


De Tony Garnier à Santiago Calatrava, de Buren à Renzo Piano, de Richard Zehrfuss à Coop Himmelblau… ces architectes qui ont dessiné la ville de Lyon hier ont laissé une marque prestigieuse et singulière, indissociable du visage de la ville: à travers le charme de ces peintres, je vous emmène découvrir l’œuvre lyonnaise.


De ces façades qui ont imprégné la conscience de tout celles et ceux qui ont pu traverser la ville des Lumières, nous mentionnerons, ici, la spécificité du Vieux Lyon, de Fourvière à l’Opéra , le Quartier des Gratte-Ciel, La Confluence et l’immeuble Citroën.


Mondialement reconnu pour son architecture à la fois médiévale et Renaissance, le quartier du Vieux-Lyon doit sa fabuleuse conservation à la loi Malraux de 1964, sur la défiscalisation de la restauration immobilière, ainsi qu’au Plan de Sauvegarde qui a justifié une telle nécessité de préservation et de valorisation. La Cité médiévale s’installait déjà aux bas des pentes, entre la colline et la Saône, traçant ce qui allait devenir des quartiers, des passages et des escaliers de mystère. L’inspiration italienne et parisienne de la Renaissance offre au quartier, une dimension architecturale innovante: ces projets ne furent pas bâtis d’un seul jet mais réellement en fonction des besoins nouveaux et des progrès d’hygiènes indispensables au confort de vie de tout personne. C’est donc avec une véritable souplesse que ces habitats ont su s’adapter à tous les mouvements de l’histoire de l’architecture à Lyon. La Maison des Avocats, la Maison du Chamarier ou encore ces éternelles traboules regorgent d’histoires oubliées et de récits parfumés par l’odeur des bouchons lyonnais. Or, même si de nombreux bâtiments ont été détruits par Louis Pradel, nommé « Le Bétonneur », le quartier reste un grand site du patrimoine lyonnais inscrit au patrimoine de l’Humanité depuis 1988.


Visiter ces lieux mythiques fait effet de cours d’histoire pour n’importe quel nouvel arrivant : c’est, en quelques sortes, opter pour un plongeon, bien plus qu’une immersion, dans l’art roman, gothique d’un style architecturale qui se lit partout sur les étroites ruelles et les hauts bâtiments de la rue du bœuf ou de la rue Saint-Jean. Dans ce quartier qui a échappé de peu à la démolition en 1960, les curiosités s’enchainent : le Palais de Justice, la Tour Rose, le Temple du Change, Gadagne, la statue de taureau à l’angle de la Place Neuve ou encore la cour des Loges magnifient l’ensemble architectural du vieux quartier.









On y rit, on y pleure,

On s’y ennuie, on s’y endort,

On y mêle un condensé pur, d’art lyrique et prosaïque,

Le grille-pain de Lyon est, à ce jour, partie intégrante du paysage urbain.










À Lyon, les premières représentations théâtrales furent données dans des lieux différents, hasardeux et atypiques: les places Saint-Jean, Bellecour ou encore le quartier des Terreaux furent des repères pour tous ceux qui exprimaient détenir une fibre artistique digne du rayonnement culturel de la France. Le Grand Théâtre fut, à son origine, pensé et construit selon le théâtre de Vicence de Palladio, par Jacques-Germain Soufflot au XVIIIème siècle, dans l’unique but de doter la ville d’un espace de culture : on y joue alors les tragédies de Voltaire, les comédies de Beaumarchais, mais également le « Britannicus » de Racine.


Le bâtiment ferme à la suite du soulèvement de Lyon contre la Convention nationale et le conflit des Jacobins face aux Modérés, jusqu’à être vendu comme bien national en 1796. En 1826, le tragique incendie de l’édifice engendre sa reconstruction éminente et en 1831, le couple Chenavard-Pollet prévoit son agrandissement et sa rénovation puisque la vétusté du bâtiment trahit déjà son âge. Le nouveau Grand Théâtre de style néo-classique présente une salle décorée à l’antique, un parterre avec 1800 sièges, 8 statues représentant les muses mais surtout de nouveaux opéras à succès : le Barbier de Séville de Rossini ou la Dame Blanche de Boieldieu, les œuvres de Richard Wagner, de Guiseppe Verdi, de Richard Strauss… Cependant, et malgré toutes ces évolutions, la décrépitude du théâtre se poursuit. Après l’occupation, les tergiversations, les hésitations, les concertations il est finalement décidé de réhabiliter le bâtiment existant en ajoutant à l’Opéra une dimension internationale. Jean Nouvel est désigné en 1988, pour établir un « dialogue entre histoire et modernité » : il conserve la façade néo-classique tout en ajoutant une voûte en plein cintre qui domine le bâtiment – un dôme en verre qui cache les 18 étages de l’édifice. Cette réussite architecturale de la fin du XXème siècle respecte, dans sa modernité, les couleurs traditionnelles du théâtre – le noir, le rouge et l’or – s’inscrivant aujourd’hui dans le patrimoine international.




Né d’une volonté politique nourrie d’utopie moderniste et d’un rêve américain, le quartier des Gratte-Ciel est l’exemple quasiment unique d’un centre urbain composé de logements sociaux en gratte-ciel: en effet, en 1929, le maire Lazare Goujon et l’architecte Môrice Leroux souhaitent imposer la ville comme une commune à part entière. Le projet politique en cause, accouche d’une recherche de conditions de vie plus saines face à l’insalubrité des logements les plus pauvres. L’architecte Môrice Leroux remporte en 1928 le concours pour le Palais du Travail à Villeurbanne, qui constitue la première pierre d’un nouveau centre urbain, et continue son œuvre en couchant sur papier, un projet cohérent, avec un cahier des charges précis et un budget limité. Il opte pour des gratte-ciel dont la forme avance sur la rue, pour se rétracter , afin de former une petite cour (forme en « redent ») – cette forme vertical permet notamment une meilleure circulation de l’air et laisse plus de place à la lumière. Les logements, d’une grande modernité, sont également équipés de balcons individuels et les portes sont presque intégralement vitrées avec un petit travail de ferronnerie. La maison du peuple, l’hôtel de ville et encore le centre téléphonique sont à l’image des gènes modernes des années 1930.




Si vous traversez le pont de l’Université, votre regard se posera sur cette parcelle sud du territoire lyonnais, consacrée à l’industrie et aux transports. La construction d’une première gare au profit du développement du chemin de fer, en 1846, entraine le développement du quartier de Perrache autour des activités industrielles et portuaires. Ce n’est qu’à partir des années 2000 que le quartier de Confluence fait l’objet de réhabilitation et de rénovation :les friches industrielles participent à l’agrandissement du centre de la ville – l’objectif de la rénovation est de tirer profit de cet espace industriel (logements, bureaux et loisirs). En d’autres termes, Confluence devient un laboratoire pour l’architecture contemporaine qui répond aux tendances de ce siècle : préservation, écologie, recherche de l’espace… Les contraintes et défis sont multiples. Ainsi la modernisation architecturale et l’engagement environnementale ont donné lieu à un nouveau dynamisme culturel matérialisé par des structures qui relève d’une véritable prouesse architecturale et surtout d’un élan d’expression artistique qui laisse à chacun son jugement.


Entre audace et exigence, chaque architecte a su répondre, à sa manière, au défi que représente la renaissance du terrain : il ne s’agit pas là de faire table rase du passé, mais plutôt de s’en imprégner pour préserver l’âme des lieux et concilier l’aspect industriel des lieux avec les défis de nos jours. Les gestes architecturaux restituent ainsi l’audace à l’image de cubes orange, vert, ou d’îlots « ABC », garantissant à l’esprit d’innovation, un confort d’usage et une qualité de vie adaptée au changement climatique. Le bureau d’aujourd’hui pourrait devenir demain un logement et inversement.






Si aujourd’hui l’édifice à la lourde responsabilité d’accueillir en son sein quelques centaines de milliers d’étudiants, ce vieux bâtiment en béton armé a pourtant rempli au siècle dernier, une autre fonction. Situé rue de Marseille dans le 7e arrondissement de Lyon, l’ancien garage Citroën est un témoignage de l’architecture fonctionnaliste de l’entre-deux-guerres.

Au départ, station-service, l’immeuble quadrilatère de 6 étages fut construit de 1930 à 1932 par l’architecte Maurice-Jacques Ravazé, chef du service Archi à la SA André Citroën. Il est clair que son architecture très années 1930 détonne avec les bâtiments avoisinants : les grandes vitres, les contours rectilignes font écho au mouvement art/déco de l’époque. Lors de son inauguration, Citroën le qualifiait de « la plus grande station-service du monde » avec une capacité d’accueil de mille voitures. Chaque étage était relié par une rampe d’accès de 200 mètres de long. Depuis le 18 mai 1992, le bâtiment est inscrit à l’inventaire des Monuments historiques tout comme sa voisine, la Miroiterie Targe.





En 2011, la métropole de Lyon donne un second souffle au garage mythique, entièrement réhabilité pour la somme de 35 millions d’euros. Le garage a gardé son prestige d’antan avec un entrée monumentale – véritable puit de lumière - et, une organisation de l’espace propre aux fonctions d’un garage, et pourtant ce sont aujourd’hui des locaux de formation et d’études supérieures qui animent la structure.


L’architecture, nous l’aurons vu, est le témoin incorruptible de l’Histoire, l’expression humaine à travers ses différents états d’âme. Cet art de bâtir agit comme le reflet de l’identité de Lyon et de ses habitants. Elle intègre au champ visuel, la dimension sculptural des volumes, des masses, et de l’équilibre qui vient contraster et rythmer le paysage d’une ville.


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